Après l’interview télévisée du patron du FMI, au cours de laquelle celui-ci a critiqué en creux la politique du président de la République, le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, a jugé dimanche soir que Dominique Strauss-Kahn était « lointain » et « hautain ».
« Il a passé l’essentiel de son interview à nous donner des leçons et à nous expliquer comment il fallait faire », a commenté M. Copé sur France 3. « [Dominique Strauss-Kahn] nous dit : ‘La crise monétaire, c’est réglé’, sous-entendu ‘c’est moi qui l’ai réglée’. Par contre [il dit] : ‘Il y a un gros problème, c’est la crise sociale en Europe’. Là, c’est surtout pas lui, c’est les gouvernements », a raillé le patron de l’UMP. « Je trouverais formidable qu’il arrête de donner des leçons (…) du haut de sa grandeur », a-t-il exhorté.
« Ce que j’attendais ce soir, c’est qu’il nous donne quelques idées nouvelles », a-t-il poursuivi. « C’est toujours pareil, avec Dominique Strauss-Kahn : de loin, ça impressionne ; de près, c’est autre chose », a-t-il aussi affirmé. « On a assisté ce soir à un épilogue de deux semaines de plan médiatique, absolument fou, délirant, qui a commencé par une petite phrase de son épouse (…) », a-t-il encore commenté.
« LE QUOTIDIEN DE DSK N’EST PAS CELUI DES GENS QUI SOUFFRENT »
Dans un communiqué, Catherine Vautrin, vice-présidente de l’Assemblée nationale et députée UMP, a déclaré « Le quotidien de DSK n’est ni celui des gens qui souffrent, ni celui des Français. Comment répondre aux attentes des Français quand on ne vit pas avec eux et qu’on ne peut s’engager sur rien ? »
Valérie Rosso-Debord, députée UMP de Meurthe-et-Moselle, a estimé que « le directeur du FMI est venu se prêter, sur France 2, à l’exercice qu’il affectionne le plus depuis quelque temps : la dispersion de petits cailloux. (…) Tout ceci serait très drôle si DSK n’occupait pas une place éminente dans le concert mondial au moment où la France préside le G20 et le G8. Comment prendre au sérieux un homme qui s’est engagé en 2007, lorsqu’il a pris ses fonctions au FMI, à aller au bout de son mandat s’il songe déjà à ne pas respecter sa parole ? »
Avant même l’intervention de DSK sur France 2, Marine Le Pen, la présidente du FN, a déclaré ne pas être inquiète d’une éventuelle candidature du directeur général du FMI à la présidentielle. « Je serais ravie d’avoir Dominique Strauss-Kahn face à moi parce que j’ai beaucoup de choses à lui dire, j’ai beaucoup de choses à lui reprocher, tant d’ailleurs lorsqu’il était ministre de Lionel Jospin que depuis qu’il est patron du FMI », a déclaré Marine Le Pen, lors de l’émission France Inter-Le Monde-iTélé-Dailymotion.
« CANDIDAT MONDIALISTE »
Selon elle, « partout où il est passé, il a appliqué la politique ultralibérale. Aujourd’hui, l’ultralibéralisme est l’enfant chéri de la mondialisation avec son cortège de délocalisations, de chômage, d’écrasement social et de régression sociale ». Dominique Strauss-Kahn « a été à la base de ces choix-là. Lorsqu’il était ministre, il a plus privatisé que n’importe quel autre ministre, il a privatisé nos entreprises. Il est surtout l’homme du FMI, celui qui, au moment où je vous parle, est en train d’appliquer à l’Irlande la baisse de 12,5 % du smic, la baisse des allocations chômage et des allocations familiales », a-t-elle ajouté. Pour la candidate d’extrême droite à la présidentielle, « le vrai grand choix de 2012, ce sera un candidat national contre un candidat mondialiste ».
Lundi, sur RTL, Jean-Luc Mélenchon s’est dit consterné par l’intervention télévisée de Dominique Strauss-Kahn. Le président du Parti de gauche a dénoncé le « cirque médiatique convenu » qui a entouré le directeur général du FMI. « J’étais surpris qu’on lui demande rien sur le G20 et qu’on l’interroge sur l’opinion de son épouse, qu’on lui parle de la couleur des rideaux et ainsi de suite », a déploré Jean-Luc Mélenchon sur RTL.
« ARROGANCE BUREAUCRATIQUE »
« La machine médiatique et sondagière déferle et ne nous parle que du deuxième tour, que de choses qui n’existent pas et d’un candidat qui n’est pas candidat. » « On ausculte le foie des volailles, on prend l’avis de son épouse et voilà de quoi est faite la vie publique, alors que nous nous essayons misérablement [de faire des propositions], mais cela n’intéresse pas », a souligné le candidat à l’Elysée. Sur le fond, « j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt cette démonstration d’arrogance bureaucratique complète d’un monsieur qui dit qu’il a sauvé la terre entière », a fait valoir Jean-Luc Mélenchon, qui a rebaptisé Dominique Strauss-Kahn « l’affameur de la moitié de la planète ». « Il dit qu’il a sauvé l’Islande », mais « sauver l’Islande a consisté à coller une dette de 12 200 euros sur les genoux de chaque Islandais », a-t-il dénoncé.
Lundi, sur iTélé, Laurent Fabius a déclaré l’avoir « trouvé extrêmement convaincant ».
Michel Destot, député strauss-kahnien, a commenté dans un communiqué l’intervention de DSK : « Ce n’est pas de l’éloignement que l’on ressent en écoutant Dominique Strauss-Kahn, mais une véritable hauteur de vue. Il a, en effet, une nouvelle fois fait la preuve de sa stature d’homme d’Etat. »
Jean-Jacques Urvoas, député strauss-kahnien, a déclaré : « En remettant la question sociale au cœur des enjeux mondiaux, Dominique Strauss-Kahn sert une parole de vérité aux dirigeants. Il est déterminé à agir en faveur de ceux qui attendent que le changement vienne enfin. »
Jean-Marie Le Guen, député strauss-kahnien, a déclaré que le directeur général du FMI « a de nouveau montré ce soir-là densité de sa personnalité, sa compétence, sa vision pour l’Europe et la France, et son souci de la vie quotidienne des gens. »
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